Régina Patorni raconte ... Henri venait d'avoir son premier prix d'alto quand, vers 1901, l'idée lui vint de constituer un ensemble qui interpréterait les grands maîtres d'autrefois sur les instruments de leur époque. Cet ensemble était composé de la viole d'amour, du quinton, de la viole de gambe, de la basse de viole et du clavecin. Les instruments qu'il se procura étaient authentiquement d'époque et provenaient des plus célèbres luthiers. Seul le clavecin sortait de la maison Pleyel, et reproduisait fidèlement celui de Bach. Dès qu'il jugea son ensemble au point, Henri le fit entendre à Camille Saint-Saëns qui, en acceptant d'être Président d'Honneur, consacra la naissance de la SOCIETE DES INSTRUMENTS ANCIENS. D'autre part, un imprésario, le mari d'Yvette Guilbert, qui s'était vouée à la résurrection de la vieille chanson française, s'enthousiasma en entendant les sonorités délicates de ces instruments peu connus, et l'excellente exécution qui les faisait revivre. Il proposa à mon frère Henri de l'engager dans son ensemble, à condition que, tout en se produisant indépendamment, il accompagnerait Yvette. Un premier succès, remporté en Autriche, fut suivi d'une tournée triomphale. Je ne faisais pas encore partie des « Instruments Anciens », mais je les entendais répéter, ainsi que les quatuors de Beethoven, que Lucien Capet faisait travailler à mes frères Henri et Marcel et au violoniste André Touret. De ce travail devait naître le fameux quatuor Capet. Nourrie par de tels artistes de la meilleure littérature musicale, je ne goûtais pas moins leur simplicité et l'insouciante gaîté de toute cette jeunesse promise à de si éclatants succès, mais trop souvent démunie d'argent. (...) |